Née sous une bonne étoile....la crèche vivra !
La fermeture de la crèche est un méchant petit dossier qui pourrit l'ambiance au Conseil Général du Nord depuis plusieurs mois. Au départ, un travail en coulisses, puis de l'enfumage, puis un gros mensonge et encore de l'enfumage jusqu'à l'annonce au personnel de la fermeture de leur service à l'été 2013.
La réponse frontale et unanime des organisations et du personnel à cette annonce inquiète l'employeur qui après une fin de non recevoir aux revendications du personnel annonce la création d'une structure transitoire dont rien ne vient cependant à ce jour garantir le périmètre ni même la capacité d'ores et déjà calculée à la baisse.
Les arguments développés sur le fond sont restés en travers de la gorge de tous les syndicats : une crèche d'entreprise trop chère, réservée à des privilégiés travaillant sur Lille, une capacité trop importante, trop de personnel...une situation qualifiée d'inéquitable alors qu'il suffisait de reloger l'existant et de mettre en place ce fichu projet global pour l'ensemble du territoire.
Sur la forme, ça ne vaut guère mieux : désigner les nantis Lillois aux administrés et aux collègues, tenter de diviser les personnel puis le mouvement syndical, dénigrer et tenter d'isoler un militant, utiliser les agents d'accueil et de sécurité (au sens de protection) comme gardes et videurs de boîte de nuit contre le personnel de la crèche...
Ainsi que l'écrivent nos camarades de SUD, le 24 octobre, Patrick Kanner a déclaré aux représentants syndicaux médusés : « l'Histoire (ndlr : avec un grand H mais sans « fumette ») retiendra que je suis le Président qui a mis fin à cette iniquité... », sourire du Président : « je ne désigne personne ».
Ce qui veut dire que pendant près de trente ans, le Groupe socialiste, ses Présidents, ses élus et leurs alliés communistes ont entretenu une situation anormale, irrégulière et inéquitable. Faut-il rappeler à Patrick Kanner qu'il était encore il y a peu, premier Vice-Président du Conseil Général ? La quasi-totalité de l'Assemblée départementale qui siégeait déjà avant sa Présidence appréciera.
Bref improvisation et amateurisme du début à la fin !
En dernier lieu, Patrick Kanner monte en épingle des incidents intervenus lors de la grève du 25 octobre pour déconsidérer l'action des personnels de la crèche....selon un usage patronal désormais bien établi.
Ce qui nous conduit à reproduire ici l'article de nos camarades de Sud sur la criminalisation de ce mouvement :
Le plan com’ utilisé par le président du Conseil Général depuis 48h concernant le devenir de la crèche départementale est particulièrement malhonnête. Il nous semble donc important de rétablir un certain nombre de points et de recontextualiser les éléments communiqués.
Que ce soit face à la presse ou sur le portail intranet du cg59, P. KANNER tente de faire croire que ce qui l’anime dans cette situation, c’est la nécessaire « équité de traitement » en matière de réponse d’accueil petite enfance pour tous les agents de collectivité sur l’ensemble du territoire départemental.
La bonne blague !!!
Dès son intronisation l’année dernière (et même bien avant, lorsqu’il était déjà dans l’exécutif en tant que 1er vice-président), l’ensemble des syndicats revendiquaient une égalité de traitement à travers le Département pour ce qui concerne l’accueil petite enfance des enfants du personnel.
Il y a une semaine, avant la mobilisation du personnel, cette nécessaire équité devait passer, pour P. KANNER, par la fermeture de la crèche départementale située à Lille. Pour cela, le président s’appuyait sur :
- les travaux incontournables à réaliser fin 2013 (le Conseil Général a acquis pour plus de 6,5 millions d’euros le bâtiment appelé le Forum et se retrouve donc seul propriétaire de cet immeuble dans un état lamentable – les travaux de mise en conformité de ce dernier sont estimés par les services du Département à plus de 10 millions d’euros).
- le coût de la crèche trop important … dû en grande partie au simple fait que l’exécutif départemental n’a jamais voulu mettre les moyens nécessaires à son agrément … conséquence : la crèche ne touche aucun subside de la CAF.
Mais surtout, argument bien plus glorieux pour lui : il faut établir une équité de traitement sur l’ensemble du Département en matière d’offre d’accueil petite enfance pour les agents de la collectivité : « J’ai constaté une formidable injustice ! Seul 10% du personnel n’a accès à ce service qu’est la crèche départemental ».
Suite à la mobilisation des personnels de la crèche, de parents, soutenus par une intersyndicale regroupant la totalité des organisations de la collectivité (ce qui est assez exceptionnel !) qui a, jeudi 18 octobre, conduit au boycott du Comité Technique Paritaire, P. KANNER fait un quart de pas en arrière. Il sort de son chapeau son intention de se rapprocher de M. AUBRY et D. PERCHERON pour étudier la faisabilité d’une crèche inter-collectivité sur la métropole lilloise. Et il affirme pouvoir concevoir la mise en place d’une structure collective d’accueil dans l’attente de la réalisation de cet hypothétique projet.
Dans le courant de la semaine, il adresse à chaque syndicat un courrier truffé d’ambiguïtés et charge sa vice-présidente de prendre contact avec certaines organisations syndicales dans l’espoir de casser cette unité.
Ouverts à la discussion, contrairement à ce qu’il laisse entendre, les syndicats le rencontrent à nouveau ce mercredi 24 octobre après midi, dans l’espoir que certaines ambiguïtés soient levées.
Premier point de désaccord, à 14h15, avant même d’entrer dans le bureau présidentiel, P. KANNER ne souhaite pas que des agents de la crèche participent à cette entrevue. Il missionne même son collaborateur de cabinet pour venir à notre rencontre et nous demander de modifier la forme de notre délégation … ce que nous refusons … plus d’une demi-heure de palabres !
Une fois attablée, la délégation se retrouve face à un formidable numéro d’égo : entre la ponctuation de « moi » et de « je », nous entendons : « Votre action, vos propos font de moi un patron blessé, vous m’entendez ! » (…) « Je vous le dis droit dans les yeux, l’Histoire retiendra que j’ai été le premier président du Conseil Général à avoir mis fin à cette inéquité ! ».
L’ensemble des représentants syndicaux autour de la table sont sidérés face à ce narcissisme outrancier.
Sur le fond, difficile d’avoir un discours dénué de langue de bois !
P. KANNER confirme son intention de négocier avec d’autres collectivités une structure d’accueil commune … mais cela ne reste que des intentions et donc à ce jour que de la science-fiction.
Il confirme également « la création d’une structure d’accueil collective provisoire » dès que possible : « nous n’attendrons pas le début des travaux dans l’immeuble » … mais cette structure sera constituée sur les besoins qu’il aura identifié … à la baisse évidemment puisque là, à notre demande, quelques chiffres tombent : le taux d’occupation moyen journalier de la crèche actuelle, sur 5 ans est de 52 enfants ! ah bon ? … chiffres évidemment difficiles à vérifier et qui surprennent nos collègues qui accueillaient encore, il y a 4 mois (avant que P. KANNER vide des berceaux) environ 80 enfants. C’est aussi se taire sur la longue liste d’attente permanente de près de 40 enfants. Au bout du compte, en le suivant bien, c’est une crèche de 30 gamins environ qui fera office de « structure provisoire d’accueil » !!!
Des suppressions de postes sont donc prévues, des collègues forcées à quitter le service et des demandes d’accueil non prises en compte !!!
Malhonnête, donc, sa communication à la sortie de la rencontre (sur intranet et devant la presse) : « Concernant la crèche lilloise, son maintien dans le bâtiment du Forum étant incompatible avec les travaux nécessaires devant y être engagés, Patrick KANNER a confirmé sa relocalisation dans les meilleurs délais. Une structure provisoire, dans l’attente de la réalisation du projet d’équipement commun avec d’autres collectivités territoriales sera ainsi mise en œuvre sur Lille. Ce projet sera mené dans la concertation et le respect des agents de la crèche. ».
P. KANNER veut alimenter la confusion entre la crèche actuelle et la structure provisoire d’accueil pour masquer sa réelle intention de fermer la première et étudier l’ouverture de la seconde.
Il ne peut d’ailleurs pas reprocher à la totalité des syndicats de sa collectivité d’avoir entendu les mêmes choses et compris son plan com’ !
Comme il ne peut accuser les syndicats de refuser de discuter sur le développement de l’accueil petite enfance en faveur du personnel départemental. Pour nous, le préalable à cette discussion est la préservation de l’existant, de l’acquis … de la crèche départementale située sur la métropole lilloise.
C’est pour cette raison, que l’intersyndicale reste soudée derrière le personnel et les parents déterminés.
Et ce n’est pas la tentative du président de criminaliser la manifestation du 25 octobre (courrier adressé aux syndicats le 26 octobre) qui délégitimera notre action.
Au contraire, la mobilisation du 25 octobre (dont les quelques heurts que nous regrettons sont de la seule responsabilité de l’administration départementale et de son service de sécurité) n’a fait que confirmer cette détermination devant un exécutif départemental qui s’entête à vouloir fermer la crèche et rationaliser l’accueil petite enfance sur le reste du département.