"Il n'existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat"
...a déclaré Thierry LePaon, le 20 février dernier à l'occasion d'une interview publiée dans le Nouvel Économiste. Depuis les déclarations de syndicalistes CGT, de commissions exécutives se multiplient avec à titre d'exemple, des arguments comme ceux de l'Union départementale de Paris :
Expression de la CE de l'UD de Paris !
La Commission exécutive de l'UD de Paris a pris connaissance des déclarations de Thierry LEPAON, secrétaire général de la CGT au Nouvel économiste dans lesquelles il déclare :
« Il n'existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L'entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés - là encore, je regrette que les actionnaires fassent figures d'éternels absents - et ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l'intérêt de leur communauté. Sur ce plan, il est évident que le pragmatisme syndical s'impose.
Cette perspective ne me gêne pas, pas plus que celle du compromis qui s'inscrit dans les réalités de l'entreprise depuis toujours : encore une fois, dès lors que nous sommes contraints de vivre ensemble, il faut bien trouver les conditions de ce vivre-ensemble. C'est pourquoi je considère que la vocation d'un syndicat ne se résume plus aujourd'hui à protéger les salariés mais consiste à agir pour faire évoluer non seulement le monde du travail mais aussi la perception qu'on en a ; à incarner une forme de régulation sociale. » Ces déclarations nous ont consternées car elles remettent en cause les fondements même de la CGT, organisation syndicale de classe et de masse, démocratique, indépendante du gouvernement et du patronat. Elles sont contraires aux orientations du 50eme congrès confédéral qui précisent :
La CGT ne saurait cheminer de façon erratique. Être désorienté avec de telles déclarations dans le Nouvel Economiste et au même moment, dans un rapport de la CE confédérale du 18 février, affirmer que "la double besogne de la Charte d'Amiens est plus que jamais d'actualité", ce qui confirme nos valeurs et repères historiques.
Par ailleurs, que signifie la phrase "je crains un net rejet de l'Europe" alors que travailleurs, citoyens et syndicalistes (et notamment la CGT) ont lancé en 2005 un débat de haut niveau sur la nature de l'Union Européenne qui a conduit la CGT à appeler à voter non et au rejet de la constitution européenne à 54 % ?
Quant au "vivre ensemble" qui est une aspiration laïque et républicaine à faire vivre dans la cité, cette notion ne saurait être dévoyée en une négation des antagonismes de classe qui se jouent sur chaque lieu de travail !
La multiplication de déclarations et initiatives individuelles de Thierry LEPAON sur des positions qui n'ont pas fait l'objet d'un débat et de décisions du CCN, voire contraire à ses orientations, nous interroge sur sa conception du mandat de secrétaire général confédéral.
Ce type de démarche ne saurait perdurer. Au moment où le gouvernement cherche à associer les organisations syndicales à l'accompagnement de mesures d'austérité à travers le pacte de responsabilité, la CE de l'UD :
- réaffirme que le salariat n'a aucun intérêt commun avec le capital. La CGT ne pactise pas avec le patronat et s'oppose à toute forme de pacte (pacte de responsabilité, pactes régionaux, conférence sociale...) qui cherchent à associer les organisations syndicales à la régression sociale.
- Appelle à la mobilisation la plus large possible contre le pacte d'austérité, dit pacte de responsabilité. Le pacte de responsabilité n'est ni amendable, ni négociable, il doit être retiré.